Tantra
तन्त्र tantra [tan_1-tra] n. fil; chaîne (d'un tissu); continuité, succession | règle, méthode; traité | soc. not. ouvrage sectaire śākta | mod. programme, logiciel — f. tantrī corde d'un luth | vaisseau du corps.
Le tantrisme ou Tantra désigne un ensemble de textes, de doctrines, de rituels et de méthodes initiatiques qui ont pénétré de façon diffuse la plupart des branches de l'Hindouisme, et dont la définition exacte ainsi qu'une origine historique restent un sujet de discussion parmi les spécialistes occidentaux. Il s'exprime dans des textes ou tantra (तन्त्र en sanskrit devanāgarī, « trame », « chaîne », d'un tissu et, au figuré, se déroule en s'enchaînant) révélés, selon la légende, par Shiva Lui-même[3]spécialement pour l'homme déchu du dernier âge, selon la cosmologie de l'Hindouisme.
À partir du VIe siècle, on rencontre des cultes tantriques dans les écoles shivaïtes ou shaktistes, dans le bouddhisme mahâyâna et dans le bouddhisme vajrayāna ( bouddhisme adamantin ou bouddhisme de diamant, aussi nommé bouddhisme tantrique) pratiqué principalement au Tibet, en Mongolie et au Japon
Ce qu'on désigne généralement sous le terme "Tantrisme" est considéré comme ayant une origine fort ancienne qui en a précédé l'expression écrite formelle, laquelle date, pour les premiers documents connus, par exemple les textes de l'école des Kapalikas, du Ve ou VIe siècle après J.C.
D'après la doctrine tantrique, fortement marquée par le mysticisme, il existe une identité absolue entre l'esprit et la matière, le microcosme et le macrocosme, le soi et le monde, l'âme individuelle (jivâtman) et l'âme universelle (paramâtman). Le paramâtman est conçu comme le fondement de tout, unité indivisible, transcendante et éternelle qui se manifeste sous une forme androgyne. Cette forme a en soi un principe masculin statique et un principe féminin dynamique, lesquels, en s'intégrant l'un à l'autre, créent continuellement la vie. Le purusha, le principe créatif masculin, l'esprit, et la prakriti, la nature matérielle, identifiés avec Shiva et Shakti, constituent les deux aspects de l'Un originaire, symbolisé par le lingam (« phallus », littéralement « signe ») et la yoni (« ventre maternel », « vagin », littéralement, « lieu »). De l'union de ces deux principes jaillit le monde et naît la vie.
L'union des deux sexes élimine la polarité des contraires et conduit à l'indivisible originel qui précéda la création. Le dépassement de tout dualisme, qui coïncide avec la libération ultime, est obtenu à travers des rites et des formes de méditation particulières. Au centre du culte tantrique se trouvent des rites de nature ésotérique porteurs de fortes connotations magico-symboliques. Des positions spécifiques des mains (mudrâ) expriment la tension de tout l'être sur le divin. Le nyâsa, rite qui consiste à toucher certaines parties du corps pour les identifier à la divinité, symbolise l'entrée de l'influx divin dans le corps du fidèle. Mudrâ ernb nyâsa s'accompagnent de la récitation de bîja (formules monosyllabiques) et de mantra (formules polysyllabiques), censées doter d'un pouvoir surnaturel. Chaque disciple reçoit de son guru un mantra personnalisé ; le plus récité, pour la puissance de son pouvoir est le son Om (A-U-M). Les diagrammes mystiques ronds ou polygonaux, aux schémas très complexes, représentent d'autres instruments de méditation. Les mandala (« cercles de méditation ») sont le support de représentations symboliques de l'univers. La structure en lignes et en cercles concentriques des yantra représente la convergence du multiple dans l'Un absolu. La pûjâ est une cérémonie de vénération très importante dans le tantrisme teinté d'érotisme. À travers l'acte sexuel, les fidèles célèbrent le moment de la création et, atteignant une parfaite maîtrise des forces surhumaines du cosmos qui se manifestent à travers leur corps, ils permettent l'union de l'âme individuelle (jîvâtman) avec l'Absolu suprême (Paramâtman).
Les tantra sont rédigés sous forme de dialogues entre les divinités masculines et leurs shakti (leurs aspects féminins). Ils contiennent également des indications sur les préceptes moraux, les rites et les instruments de méditation.