Evangile selon Thomas

Logion 02.

1 Jésus a dit :
3 Que celui qui cherche ne cesse de chercher
3 jusqu’à ce qu’il trouve ;
4 et quand il aura trouvé,
5 il sera bouleversé
6 et, étant bouleversé,
7 il sera émerveillé,
8 et il régnera sur le Tout.

Avant de commencer l'interprétation de ce Logion, il convient de le replacer dans le contexte "Historique", dans lequel il a été formulé.

Il faut savoir que les Gnostiques, ont été taxés d'hérétiques par les hérésiologues comme Epiphane, Hippolyte, saint Irénée... Ce dernier a laissé une œuvre importante intitulée Adversus Haereses dans laquelle il réfute les croyances des gnostiques et met en relief leur dualisme forcené. Les Gnostiques ayant été combattus et leurs œuvres détruites, nous ne pouvions les connaître, jusqu'à une date récente, que par les écrits de ceux qui les ont dénoncés, autrement dit, par les témoins à charge.

Aujourd'hui, il n'en va plus de même, depuis la découverte, vers 1945, des douze manuscrits coptes, dont le précieux Evangile selon Thomas, nous possédons, non plus des citations tronquées par des inquisiteurs, mais des textes issus des milieux qui les utilisaient. L’apport de cette découverte modifie radicalement, l’idée que certains s’étaient forgé sur les Gnostiques et le Gnosticisme. Déjà, le document final du congrès de Messine sur la Gnose en avril 1966 définissait le Gnosticisme ainsi « La conception de la présence en l’homme d’une étincelle divine… tombée dans ce monde soumis au destin, à la naissance et à la mort, et qui doit être réveillée par la contrepartie divine du SOI, pour être finalement réintégré ». Le Gnostique est au monde sans être du monde, il se sait d'une origine et d'une nature autres que celle du monde, et il n'a de cesse qu'il puisse résoudre le conflit qu'il formule par la question : Qui Suis-Je ? Comme on le voit, la Gnose est bien autre chose qu’un surgeon hérétique du christianisme… Elle est l’arbre indépendant dont finalement le christianisme en est le surgeon.

L'interprétation de ce Logion, passe par la compréhension de ce qui est dit au sein même de "L'Incipit", à savoir : Les sages et les habiles, c'est à dire les détenteurs de l'avoir, du savoir et du pouvoir, ont, aux dires mêmes de Jésus, caché les clefs de la gnose (gnôsis)..."Ils ne les ont pas laissées entrés, et ceux qui voulaient entrer, ils ne les ont pas laissés faire" (Ts 23.13 ; Lc 11.52). Jésus le Vivant nous informe sur le rôle présent du démiurge au sein même des dogmes de pouvoir, qui étaient bien évidemment dirigé par les sages, les habiles et les puissants, des groupes d’hommes, qui n’étaient autres que des manipulateurs.

Jésus le Vivant évoque souvent la notion du "Tout petit" et ce, en opposition de ceux, qu’il qualifiait comme "Habiles", mais qui sont-ils ? Les "Tout petits" sont, d’une certaine manière, les premières victimes désignées par les habiles, dans le sens qu’ils n’ont pas eut accès à la connaissance de la Gnose véritable et par conséquent, ils ont été privé de leur propre destin, pour ne pas dire d’eux même, car ceux qui sont privé d’eux même, sont privés du Tout. Il faut comprendre que le "Tout petit" est à l’image du nouveau-né, il est cet enfant (Fils) Vivant du Père, cette terre fertile ou l’Esprit pénètre. Sachant cela, nous pouvons mieux comprendre pourquoi les habiles ont cachés les clefs de la Gnose véritable. En instaurant leurs dogmes, qu’ils soient d’origine religieuse, sociale ou politique, le but était l’asservissement des "Tout petits" en les plongeant dans la dualité et en les réduisant à l’esclavage mental, évitant de ce fait, le retour et la réintégration des Âmes dans UN. Voilà ce que sont les habiles.

Le Logion 02, invite le chercheur de bonne volonté, à trouver ce que Jésus le Vivant a caché aux yeux et aux oreilles des habiles, mais qui est révèlé subtilement aux tout petits. Toutefois, cela exige de la part de celui qui cherche certaines dispositions, à savoir, une attitude, une disponibilité, une faculté d’émerveillement, une aptitude à vivre l’ici et maintenant, qui sont le propre des nouveau-nés. C’est à la fois merveilleusement simple comme un sourire du tout petit enfant et terriblement difficile, comme se défaire d’un réflexe enraciné par une longue habitude. Tout ce que notre mémoire a enregistré, sensations, pensées, imaginations, etc. Tout ce qui constitue notre mental, conscient et inconscient, tend à nous faire oublier la vie et la source de la vie.

En conclusion, l’Impétrant, le postulant ou le chercheur de bonne volonté, se doit de chercher la Vérité cachée et cette vérité n’est pas à l’extérieur, au sein du monde phénoménal, mais à l’intérieur de chacun d'entres-nous, dans le Soi… Un lieu ou les habiles, ne peuvent pas faire Deux de Un. Alors le cherchant, devra chercher et chercher encore jusqu’à qu’il trouve la Source qui coule en lui et quand il aura trouvé celle-ci, il sera bouleversé. Quand l’Impétrant est prêt (Qualifié), l’Appel se faire ressentir en lui, alors il cherchera encore, jusqu’à qu’il trouve sa Posture, une fois celle-ci trouvé, il cherchera encore et sans cesse jusqu’à l’Etat de Métanoïa et là, il régnera sur le Tout, puisque Tout est UN.

Jésus le Vivant, nous rappel que Tout est UN et que UN est la seule Réalité absolue, il n’y a pas d’autres aboutissement que celui-ci et la notion de Deux, n’est qu’une illusion dualiste, au sein du monde phénoménal.