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 Râmânuja et le Viçishta-advaïta ou non-dualisme qualifié

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Greenman
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MessageSujet: Râmânuja et le Viçishta-advaïta ou non-dualisme qualifié   Râmânuja et le Viçishta-advaïta ou non-dualisme qualifié I_icon_minitime14/9/2011, 11:53 pm

Râmânuja et le Viçishta-advaïta ou non-dualisme qualifié Images?q=tbn:ANd9GcQoRAy10Nuw7s_AeXmhOkkDLo1fLMTVjCGPSdEP5TIyW89WCs23H4Jjp7Tlkw

Râmânuja (1077-1157)

Le Viçishta-advaïta ou non-dualisme qualifié


La doctrine de Râmânuja (1077-1157) porte le nom de Viçistha-advaita ou non-dualisme qualifié.

Où se situe la différence avec la doctrine de Çankara ?

Tout le monde est d'accord qu'il n'y a qu'une seule réalité, un seul réel sans second. Seul le Brahman existe.

Mais, alors que pour Çankara ce réel est homogène, sans différenciation, pour Râmânuja, il est différencié et structuré. Cette structure, c'est l'univers que nous avons sous les yeux. Le monde est donc réel. Il n'est pas de l'ordre de l'illusoire.

Quelle est la justification que Râmânuja apporte à sa thèse ?

Ces justifications sont d'ordre épistémologiques: elles portent sur la question des sources de la connaissance (prâmâna). Traditionnellement, le Vedânta en admet trois:

1) La perception sensorielle immédiate (pratyaksha): c'est ce qui tombe sous les sens, y compris les sens intérieurs. Les sciences exactes sont basées là-dessus.

2) La déduction logique, le syllogisme. Exemple: prémisse: il n' y a pas de fumée sans feu. Observation: j'aperçois de la fumée. Déduction: j'en déduis qu'il y a du feu, parce qu'un feu est toujours accompagné de fumée.

3) La Révélation, c-à-d le Veda.

Râmânuja pose alors la question: Çankara affirme qu'il n'y a qu'une seule réalité non-différenciée. Quelles sont les sources de cette affirmation ?

1) Est-ce que la perception permet d'affirmer que le réel est non-différencié ? Réponse: non, tout ce que nous voyons est différencié. Nous voyons différentes couleurs, des arbres divers, des animaux divers, des hommes divers...

2) Le Veda non plus. Tout le monde, dit R, admet que le Veda est le reflet exact de l'Univers, il en est le modèle. Or le Veda est un discours fait de mots. Ce discours est donc différencié. Déjà, à l'intérieur de chaque mot, il y a différenciation: la racine est suivie d'un suffixe et est éventuellement précédée d'un préverbe. Puisque le Veda représente le réel, et que le Veda est différencié, l'univers lui-même est différencié.

Quel est alors la nature de la relation de ce monde différencié au Brahman ? Cette relation est du même ordre que le corps à l'âtman chez l'être humain. L'âme anime le corps. A l'échelle de l'univers, c'est la même chose: le Brahman est l'âme de l'univers, il anime l'univers, et l'univers est donc le corps du Brahman, étant entendu que l'univers est relié éternellement au Brahman et que les deux ne forment qu'un: a-dvaïta, non-dualisme.

Il y a donc dans le Vedânta deux réponses à la question de la nature de la relation de l'univers à l'Absolu:

1) La réponse de Çankara: l'univers est le reflet illusoire du Brahman

2) La réponse de Râmânuja: l'univers est le corps du Brahman

Les conceptions de Dieu et de la relation à Dieu chez Shankara et Râmânuja

Là aussi la différence est nette entre les deux écoles.

1) Pour Çankara, l’Absolu est ultimement indéfinissable, il est homogène, sans qualification. On ne peut donc pas lui rendre un culte. On ne peut que tenter de se fondre en lui par le samâdhi.

Qu’en est-il alors des dieux personnels y compris l’Îçvara, le Seigneur suprême de la dévotion hindoue (qui se situe au-dessus du samsâra, par opposition aux deva-s, les divinités à karman. Même, l’Îçvara correspond déjà à un obscurcissement de l’Absolu, il n’est pas l’Absolu sous sa forme la plus haute, il représente la nature inférieure du Brahman.

Ce qui ne veut pas dire que le culte rendu à l’Îçvara soit illégitime. Bien au contraire, le culte rendu à un dieu personnel est légitime dans un premier temps, dans un premier stade pour l’homme qui aspire à la libération Çankara ne rejette donc pas la dévotion, il la relativise simplement. Il a d’ailleurs composé plus de 60 hymnes dévotionnels, dont le fameux Nirvânaçatkam " Six stances sur le Nirvâna " consacré à Shiva.

Mais un jour, dans l’esprit de Çankara, le niveau des rites et des prières doit être dépassé pour arriver à voir le Brahman et se fondre en lui. Cf le Daçasloki, où Shiva désigne le Brahman absolu:

Je ne suis ni l'esprit ni l'intellect ni la pensée ni le sens du moi. Je ne suis ni l'ouïe ni le goût ni l'odorat ni la vue. Je ne suis ni l'espace ni la terre ni le feu ni l'air. Je suis Intelligence et Félicité pures.

Je suis Çiva, Je suis Çiva.

Je ne suis pas le souffle vital ni les cinq vents (panca vâyuh). Je ne suis ni les sept composantes du corps ni les cinq fourreaux. Je ne suis pas les cinq organes d'action. Je suis Intelligence et Félicité pures.

Je suis Çiva, Je suis Çiva.

Je ne possède aucune aversion, aucune attirance, nulle avidité, nul égarement.

Je n'éprouve ni orgueil ni envie.

Je n'ai pas d'obligations, pas d'intérêts, pas de désirs, pas d'affranchissement à souhaiter.

Je suis Intelligence et Félicité pures.

Je suis Çiva, Je suis Çiva.



Pour moi n'existent ni les bonnes actions ni les souillures ni le

plaisir ni la souffrance. Point non plus n'existent les incantations rituelles, les lieux saints,

les Veda ou l'acte sacrificiel. Je ne suis ni la jouissance ni ce dont on peut jouir ni non plus

l'agent de la jouissance. Je suis Intelligence et Félicité pures.

Je suis Çiva, Je suis Çiva.



Je ne connais ni la mort ni le doute ni les distinctions de caste.

Point de père ni de mère. Je n'ai jamais pris naissance.

Je n'ai aucun ami, aucun parent, point de maître, point de

disciple.

Je suis Intelligence et Félicité pures.

Je suis Çiva, Je suis Çiva.



Je suis sans déterminant, sans forme.

Par mon ubiquité, je ne suis pas sans relation avec tous les organes

des sens.

Je ne connais ni l'affranchissement ni la servitude. Je suis Intelligence et Félicité pures.

Je suis Çiva, Je suis Çiva.



2) Par contre, pour Râmânuja, le Brahman, c’est Vichnou conçu comme une personne, c’est la Personne Suprême (purushottama), objet d’adoration.

Contrairement au Brahman de Çankara qui ne se définit que négativement, l’Absolu de Râmânuja possède toutes les qualités à un degré infini:

" Par le terme de Brahman, on entend la Personne Suprême dont toute imperfection est exclue et qui est revêtue d’une multitude innombrable de qualités auspicieuses, d’une excellence sans limite ".

Le Brahman, c’est Vichnou en tant qu’Îsvara, en tant que Seigneur unique, et donc en tant qu’il est Vichnou, le Brahman peut être adoré, tandis que pour Çankara on n’atteint que la forme inférieure du Brahman, cf. le bel hymne de Râmânuja à Nârâyana, c-à-d à Vichnou:

Or donc le Seigneur de Çrî.

Incompatible en Sa nature avec tout ce qui est indésirable ;

Dont la forme propre n'est que connaissance et béatitude infinies ;

Grand océan de multitudes innombrables de qualités excellentes, essentiellement illimitées et surabondantes dans l'ordre de la connaissance (et) de la puissance, de la force, de la domination, de l'héroïsme et de l'ardeur ;

Trésor de qualités infinies, chères à Son cœur, conformes à Son inclination profonde, sans discordances, inconcevables, divines, admirables, éternelles, irréprochables, insur-passables, telles que l'éclat, la beauté, la grâce, la jeunesse ; de forme divine ;

Paré d'ornements appropriés à Sa nature, dans lesquels Il trouve sa joie, divers, variés, infiniment merveilleux, éternels, irréprochables, sans limites, divins ;

Equipé d'armes conformes à Sa nature, innombrables, d'une inconcevable puissance, éternelles, irréprochables, insurpassables, excellentes, divines ;

Doué d'une forme propre, de qualités, d'une majesté, d'une souveraine domination, chères à Son cœur, conformes à son inclination profonde, éternelles, irréprochables ;

Bien-aimé de Çrî pour la multitude des qualités illimitées, surabondantes, innombrables, excellentes que sont Ses vertus... ;

Dont les deux pieds sont incessamment loués par les sages innombrables, doués de multitudes de qualités infinies dans l'ordre de la connaissance (et) de l'action, irréprochables et insurpassables,

N'ayant de repos et de délices qu'en ce surplus de Son être, qui dépasse la complétude du leur, et qui tout ensemble constants en leur nature essentielle et diligents en la diversité des actions extérieures, se conforment toujours à Sa volonté ;

Qui, parce que Sa forme propre et Sa nature sont telles que la parole et la pensée ne les peuvent circonscrire, est doué d'une gloire infiniment grande et merveilleuse, abondante en objets, moyens et lieux d'expérience heureuse, infinis, variés, chers à Son cœur ;

Dont les dimensions sont infinies ;

Éternel ;

Impérissable ;

Irréprochable ;

Inaltérable ;

Siège de l'essence suprême ;

Qui se joue à faire surgir, se développer et se résorber l'univers rempli de la diversité et variété des objets et sujets d'expérience affective ;

Le suprême Brahman ;

La Personne suprême ;

Nârâyana !

Immuable en Sa forme propre lors même qu'il produit l'univers depuis Brahmâ (le démiurge) jusqu'aux êtres sans mouvement ;

Qui tout inaccessible qu'il est à l'effort de méditation le plus concentré et à l'adoration des hommes et des dieux y compris Brahmâ, assume pourtant, sans perdre aucunement Son essence la plus propre, certaines formes (accessibles), quoique de constitution homogène à Sa divinité, et ce de Sa pure initiative, parce qu'il est un grand océan sans rivages de compassion, de bienveillance, de parentale tendresse, de générosité ;

Vénéré, chargé d'honneurs propitiatoires par les générations humaines selon que d'âge en âge II est descendu parmi elles, leur faisant atteindre les fruits convenables dans l'ordre du salut, des observances sacrées et des obligations morales, de la richesse et du plaisir ; qui s'est rendu visible aux regards de tous les hommes, même des moins dignes, tels que nous, afin d'apaiser les souffrances de la transmigration, en effectuant ce que l'on appelle la descente pour le fardeau de la terre.

( Hymne à Nârâyana, Introduction au Gîtâ Bhâshya, trad. Olivier Lacombe : l'Absolu selon le Vedânta, p. 277-78.)



Râmânuja évolue dans l’univers de la bhakti, de la dévotion enthousiaste au Dieu personnel et la libération est donc conçue comme un don gracieux de la Personne suprême. Bien que l’effort du fidèle le prépare et y contribue, la délivrance en dernière analyse dépend de la bienveillance divine. La voie du salut pour R est donc le bhakti-yoga, yoga étant pris dans son sens étymologique " union à Dieu [par la dévotion] ", tandis que pour Çankara c’est le jnâna-yoga " union à l’Absolu par la Connaissance Salvatrice ". Mais les deux écoles admettent bien entendu la pleine et entière validité du râja-yoga, celui de Patanjali.

(D'après Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg. site : stehly.chez-alice.fr)

sunny
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